Avec Hans on s'est fait un petit thé, et on a discuté. Enfin surtout moi. Alors voilà, c'est l'heure des comptes un peu. Qu'est-ce qui a changé, qu'est-ce qui va changer ? Au début de la crise, j'ai eu des moments de pure euphorie. Enfin ! Cette agitation, ce gaspillage des ressources, ce pillage de la nature se calme. Enfin ! Il va y avoir comme une prise de conscience collective, nous respirons le même air, nous sommes sur la même planète, prenons-en soin ! Et je voyais de larges horizons dans la lumière du soir, c'était beau et inspirant. Et assez rapidement, ma charge de travail est devenue énorme. Organiser, contacter, mettre en lien, informer, convaincre. Parce que ce qui n'a pas changé, c'est ma nature profonde, si je peux aider, j'aide. Si je dois travailler, je travaille. Si je dois recommencer je recommence. Et la nature profonde de mes contemporains n'a pas changé non plus, ceux qui sont désagréables le restent. Il y a des choses qui se passent. Lorsque je reçois le téléphone d'une personne âgée ( ici représentée sous la forme d'une charmante souris ) et que je note scrupuleusement sa liste de courses pour la transmettre à un bénévole. Je l'entend se détendre au fur et à mesure que l'on cause des sortes de fromages, des litres de jus d'oranges et d'autres drôleries. Mais, comment dire, c'est sans surprise, les personnes ont besoin d'être en lien ! Les enfants ont besoin de jouer avec d'autres, les parents de parler, les résidents des EMS de voir leur famille. Une partie de mon travail a été d'essayer de préserver ces liens entre les gens et de parfois d'en créer de nouveaux. Mais nous sommes en lien, qu'on le veuille ou non. Souvenez-vous : le même air, la même planète ! Est-ce qu'il faut une crise pour se rendre compte de cela ? Finalement la question, c'est surtout qu'est-ce qu'on fait ? Pas qu'est-ce qu'on dit, pas qu'est-ce qu'on dessine, mais qu'est-ce qu'on fait quand c'est la crise. Qu'est-ce que j'ai fait ? Et voilà, pour moi, cette crise, c'est comme se retrouver à l'entrée d'une énorme, gigantesque, méga bibliothèque avec beaucoup de temps devant soi. Tout est à lire, tout est à découvrir et à inventer ! Et j'ai le curieux sentiment d'avoir été que dans les rayons connus et ouvert des livres que j'avais déjà lus. Peut-être que la bonne surprise viendra... Serait-ce le moment d'entonner un petit air mélancolique à la cornemuse ? Hans ne s'en prive pas...
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Alors, où en étions-nous ? Ah, voilà... qui va être le messager qui va déboucher du Bois-Girard pour venir nous abreuver de sagesse ? Déjà, un œil perçant nous dévisage entre les feuillages. Et le voici qui sort et contemple la prairie et notre maison à ses pieds. Un hérisson ! me direz-vous. Oui, certes, mais pas n'importe lequel ! Il s'agit de Hans-mon-hérisson, celui de l'histoire, du conte de Grimm. Celui qui vit au fond de la forêt et qui élève des cochons et des ânes. Celui qui joue de la cornemuse à tout vent ! Et lorsqu'il se déplace, il saute à califourchon sur ... Sur ? Son coq voyons ! Nous lui avons trouvé un nom "Lico". Le coq Lico ! Haha ! Même qu'il a des armoiries à son image Hans-mon-Hérisson. Et voici qu'il sonne la charge et que débouche à la lisère une marée de cochons à demi-sauvages et d'âne hurlants. Tous se précipitent vers la maison, il nous encerclent, menaçants. Majestueux, sur son coq, Hans-mon-Hérisson s'avance et il s'adresse à nous en ces termes : "... heu... hem... bon..." C'est là que je flanche car vraiment, je ne sais pas quoi faire de ce personnage de son message. J'aimerais qu'il me dise ce qui va se passer après, comme tout sera mieux, comment nous allons redevenir respectueux de notre environnement, respectueux de ce qui n'est pas nous. Mais, je n'ai pas trouvé les mots. Alors en attendant, il joue de la cornemuse, assis sur une pile de livres, pendant que le café chauffe et que la lumière se fasse.
Vu avez peut-être lu cette nouvelle, l'Himalaya est à nouveau visible depuis la plaine, ça faisait 30 ans que ce n'était pas arrivé. Les nuages de pollution produits par le trafic et les usines obstruaient le ciel. Et c'est comme ça que l'horizon a disparu, ou plutôt s'est modifié. La reine des montagnes est restée cachée. Les habitants d'en bas l'ont oubliée. Et un jour, en ouvrant leurs fenêtre, la revoilà ! Quel saisissement ! Ils croyaient le ciel vide et bouché mais non, il y a cette ENORME présence qui les observe d'en haut. Et comme c'est là que se trouvent les plus hauts sommets de la planète, ça doit être assez impressionnant de voir apparaître le dessin des cimes dans le ciel. D'ailleurs les Tibétains savent quelles sont les danses et les rituels pour que la vie dans la montagne soit douce. Et si l'on en croit les masques qu'ils ont sculptés, les démons qui l'habitent ne sont pas aussi jouasses qu'on pourrait le croire. Et maintenant, que dire ? 30 ans qu'elle est enfumée par les gaz d'échappement et autres saletés, cette souveraine des neiges éternelles. 30 ans que personne ne l'admire. Si j'étais elle, j'enverrai un émissaire chez les hommes pour les remettre un peu à l'ordre. Genre : "Et hop, maintenant qu'il fait clair, j'envoie le maxi-yak dans vos villes ! Tremblez humains !" L'humain se rendrait compte de sa bêtise, et... En fait, je pense qu'on ne fait pas mieux que les l'Asie avec l'Himalaya, nous, Européens donneurs de leçons. Je réfléchis à quel type de bête mystique pourrait descendre du Bois-Girard pour me faire la leçon. Suite au prochain numéro...
Je me suis souvenue d'un petit reportage sur Kazuo Iwamura, l'inventeur de la famille souris. Albums pour enfants que je vénère. ( Il ne ressemble absolument pas à cela, d'ailleurs... Pardon Kazuo de t'avoir transformé en petit pépé à lunettes ) Mais bref, il raconte qu'il aime se mettre tout près du sol et qu'il observe attentivement. Ensuite, il dessine avec soin les histoires qui viennent. Ces espaces se remplissent de petits événements qui en amènent d'autres. Et de fil en aiguille, on a le bonheur de pouvoir se plonger dans les aventures de souriceaux qui bricolent des trucs, grimpent sur des arbres immenses, transportent de gigantesques brins d'herbe. Dans cette situation de crise mondiale, j'aimerais bien qu'il se penche sur certains coins de la planète et qu'il nous invente la suite. Je suis à court d'imagination. Qu'est-ce qui va rester dans nos habitudes, qu'est-ce qui va changer ( qu'on le veuille ou non ) ? Qu'est-ce que ça va être, l'histoire ? Dans l'immédiat, café.
Enfin, du calme et pas de boulot, pas d'urgences, pas de téléphones... Je peux me plonger dans le bouquin qui m'attend depuis le 13 mars : "Chez soi, Une odyssée de l'espace domestique" de Mona Chollet. Elle y parle si bien de cet endroit tellement précieux. Et, à un moment, elle aborde le chapitre des cabanes. Alors j'ai pris le temps de revisiter mes anciennes cabanes. Je pense que c'était mon activité principale les jeudis et autres jours de congés. Même au centre-aéré d'été, rien n'était mieux que de pouvoir disposer d'un énorme tas de planches, de marteaux, de clous et de la liberté de construire n'importe où, n'importe comment, des cabanes qu'on passait un temps fou à améliorer et à décorer et qui finissaient par s’effondrer. On mangeait dedans (en cachette), on complotait et on cherchait sans fin l'astuce pour faire une porte ou un toit valable. Toutes ces constructions étaient d'autant plus réussies qu'elles étaient petites et confortables. Elles avaient toutes quelque chose du nid, du terrier. Le must étant de réussir à s'endormir dedans ! Assez récemment (avant qu'on passe dans le monde parallèle), j'ai mis à disposition des plus jeunes lecteurs de la bibliothèque, des bacs à linges, agrémentés d'un coussin, qui ont assez vite eu du succès. Et je comprends si fort le bonheur que c'est de se plier en 12, de se caler juste ce qu'il faut pour pouvoir ouvrir son livre préféré et le relire en se sachant caché.e. D'ailleurs j'y retourne.
En faisant une courte promenade avec Olive l'autre jour, nous avons fait une rencontre. Un renard qui nous observait depuis la lisière. Visiblement, les sauvages, c'était nous. Et c'est vrai que c'est saisissant cet échange de regard, yeux dans les yeux, avec un animal. Il semblerait que la diminution des déplacements d'humains fasse revenir les animaux. Comme si ils se souvenaient ( et nous aussi dans le meilleur des cas ) qu'on partage le même territoire. Que leur forêt, leur prairie, leur montagne ce n'est pas que le terrain de jeux des gens. Les animaux retrouvent (parfois) l'audace de nous défier. Par exemple, il y a un troupeau de chèvres sauvages qui a décidé d'arpenter les rues de la ville qui se situe en bas de sa colline. Mi casa es tu casa ! Ben quoi ! ( je ne crois pas que c'est un fake, je vais mettre le lien dans la page des conseils pas chers et sympathiques trucs ). Donc, nous avons imaginé quel serait la rencontre à faire. Par qui aimerais-tu être dévisagé ? Roland : une otarie. Joséphine : un panda. Simon : une loutre. Clément : un rhinocéros. Moi : tant qu'à faire, j'aimerais bien rencontrer le dieu Pan, ou l'Ami, comme lorsque Taupe et Rat se promènent pendant l'heure bleue, à la recherche du petit de Loutre. Mais oui, Le vent dans les saules ! Lisez-le ! Et Olive ? Hein ? Olive ? Olive : Ben toi, voyons ! OUAF !
Et vous ? Au détour d'une énième vidéo-conférence, je me plonge dans une rêverie... Et si... On avait hérité d'un virus qui ne nécessiterait pas d'être éloignés mais au contraire, exigerait d'être terriblement proches ! Le Covid-25 ( pour rire ) Imaginez un peu. Les transports publics seraient réaménagés pour que les gens ne soient pas à plus de 10 cm les uns des autres et protègent le chauffeur. Il y aurait des patrouilles pour rassembler les personnes isolées. Les supermarchés organiseraient des trios de courses, des duos de caissières ! Il y aurait des sondages et des réseaux d'aides pour accompagner les gens seuls et les suivre partout, où qu'ils aillent. Et la vie quotidienne serait incroyablement compliquée ! Imaginez ! ça me laisse songeuse.
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July 2022
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